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Chiens Bleus, Chiens Gris, histoire de famille universelle

Jean-Luc et Leyho, père et fils se sont embarqués dans un projet fou : tirer une BD des carnets de leur grand oncle, qui a participé et est mort à la guerre 14-18... Chiens Bleus, Chiens Gris, leur album de 60 planches, agrémenté de 4 pages de cahier graphique, a été financé à plus de 500 % sur Ulule. Ravis, les auteurs nous ont ouvert les coulisses de leur BD, qui peut toujours être précommandée !

Portrait de Francis Régeard

Portrait de Francis Régeard

Mémoire de famille

Comment est né ce projet de BD historique, Chiens Bleus, Chiens Gris ?

Jean-Luc : On avait chacun une idée de notre côté : moi, j’avais commencé à m’intéresser à l’histoire de mon grand oncle, Francis Régeard, dont je ne connaissais pas grand-chose à part son nom sur le monument aux morts de Bécherel. Intrigué et passionné d’Histoire, j’ai fait des recherches et ai retrouvé sa fiche militaire, son matricule, puis en me renseignant, j’ai appris qu’il était enterré sous le monument aux morts, ce qui est assez rare et m’a donné envie d’en savoir plus !

De son côté, Leyho avait fait des esquisses d’une histoire de huit planches se déroulant durant la guerre, qu’on a d’ailleurs inclus dans la BD !

Leyho : Quand j’ai commencé à dessiner l’histoire d’un soldat de la Première Guerre mondiale, je l’ai montré à mon père. Et comme je n’avais pas fait toutes ses recherches sur cette période, il m’a tout de suite dit ce qui n’allait pas historiquement. Je lui ai répondu qu’il pourrait se charger du récit...

Comment s’est construit le récit de la BD ?

Jean-Luc : Lors de mes recherches, j’avais retracé l’itinéraire de cet aïeul et avec cette matière, j’en ai tiré un scénario.

Leyho : Comme on y allait à tâtons, une fois le scénario écrit, on a fait beaucoup d’allers-retours pour le découpage et le story-board nous conviennent parfaitement. On a passé beaucoup de temps à déplacer des post-it sur des feuilles A4 pour que les scènes et le rythme nous conviennent et collent au synopsis initial !

Sur quels documents se sont appuyées les recherches historiques ?

Jean-Luc : Le premier document est le carnet d’instruction de Francis. Il l’avait avec lui durant la guerre, y faisait des croquis et prenait des notes lors de son apprentissage militaire. Il y a aussi inscrit des tas de choses au jour le jour : le nom de ses camarades, des brouillons de lettres, etc. Ces écrits nous ont permis de voir ce qu’il pensait et ce qu’il pouvait écrire à sa fiancée... mais bien sûr on a un peu romancé le tout, pour rendre l’ensemble attrayant et cohérent.


Et comme on avait des renseignements uniquement sur Francis, on lui a créé différents compagnons d’arme avec une personnalité propre qui reste donc dans le domaine du crédible...

À part ce carnet, j’ai fait de nombreuses recherches. J’ai consulté le site Mémoires des Hommes, qui contient les fiches de tous les morts pour la France, rédigées par le régiment peu après la mort, pour donner les circonstances du décès. J’ai aussi consulté les archives départementales pour y trouver la fiche d’incorporation de Francis et les journaux de marche et d’opération de différents régiments : ils contiennent où sont, combattent, survivent ou meurent les différents soldats de l’unité...

J’ai aussi fait de nombreuses recherches sur les lieux traversés par Francis pour savoir quelle tête ils avaient à l’époque...

Rigueur historique jusque dans le dessin

Leyho : Pour l’iconographie, on a beaucoup de chance, car la carte postale photographique était très à la mode à l’époque. Même les villes qui ont subi la guerre étaient des sujets de carte postale, ce qui nous a permis de retrouver des images pour quasiment tous les lieux que les héros traversent... ce qui était très important pour moi, qui voulais recréer des décors historiquement justes : j’avais une image parfois même à l’année près !

Concernant les uniformes et le matériel, nous avons aussi fait de nombreuses recherches sur des sites spécialisés, comme Les Français à Verdun, car les uniformes évoluent énormément surtout pendant les premières années de la guerre ! L’uniforme de Francis a changé au moins 4 fois, il fallait donc faire attention aux détails ! On imagine qu’on sait à quoi ressemble un soldat de la Première Guerre mondiale mais tant qu’on s’est pas plongé dans les détails, on n’a aucune idée à quel point c’est difficile de représenter la réalité…

Avec votre style semi-réaliste, avez-vous fait des concessions à la véracité historique ?

Leyho : J’ai essayé de coller au maximum à la réalité même si j’avoue que je n’ai pas compté les boutons d’uniforme à chaque fois... Mais comme au début de la guerre les uniformes pouvaient varier au sein même d’un régiment, ça me laisse un peu de liberté, heureusement !

On connaît précisément la couleur de l’uniforme français : le bleu horizon. J’aurais pu garder cette couleur précise tout au long de la BD, un peu comme la couleur des braies d’Obélix. Mais comme je me sers de la couleur pour faire passer des émotions, je me permets de le varier pour qu’il s’insère dans les ambiances colorées. Un peu comme au cinéma, comme s’il y avait un étalonnage par séquence, qui fait varier les couleurs...

Pourquoi avoir choisi Ulule pour financer votre BD ?

Leyho : Cette histoire de famille nous tient à cœur, donc on pensait faire la BD pour un petit cercle familial. Au fur et à mesure, des gens nous ont dit que ce récit les intéressait, donc on s’est dit qu’on pourrait en imprimer un peu plus pour leur faire partager cette histoire... On a choisi Ulule comme une grande cagnotte qui permettrait à tout le monde d’avoir son livre.

Jean-Luc : Et au fur et à mesure de la campagne, on a été très surpris de voir des gens qu’on ne connaît pas participer au financement pour recevoir un album ! On est ravis et nous serons hyper contents de les rencontrer pour la sortie de la BD !

Leyho : Pour le centenaire de la fin de la guerre en novembre, il y aura sans doute aussi un événement à Bécherel, où nous serons sûrement présents. Et nous rencontrerons des lecteurs durant le festival de l’île de Ré du 10 au 18 novembre mais aussi dans des collèges et des médiathèques d’Ille-et-Vilaine... Cette BD s’adresse à la jeune génération : dire à des gens de 15 ans qu’avec 5 ans de plus, un siècle plus tôt, ils auraient pu partir à la guerre, c’est important car un conflit peut vite arriver...


Jean-Luc : On a d’ailleurs prévu un quota de BD pour faire des dons aux écoles et médiathèques...

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